Mercredi, le président Joseph Aoun prononcera le discours du Liban devant l’Assemblée générale des Nations unies à New York. Pour les petits États en particulier, cette rencontre annuelle constitue une occasion rare de faire entendre leur voix, de présenter leur réalité, de détailler leurs problèmes et de dénoncer les injustices qu’ils subissent. C’est aussi un moment privilégié pour solliciter un soutien international, en affichant leur volonté de coopérer dans le cadre fixé par la communauté mondiale — toujours dans l’objectif de servir le peuple libanais et d’assurer la stabilité régionale.
Reste l’interrogation: que dira le président Aoun lorsqu’il prendra la parole à New York ?
Il devrait incarner la conscience nationale libanaise dans son intervention. Bien que le texte du discours n’ait pas été rendu public, on s’attend à ce qu’il mette en avant les réalisations du gouvernement au cours des derniers mois, en insistant sur la souveraineté de l’État, les mesures économiques et réformatrices ainsi qu’une vision du rôle futur du Liban.
S’agissant de la souveraineté, le président devrait souligner la décision du gouvernement de placer toutes les armes exclusivement sous l’autorité de l’État libanais et de ses institutions militaires et sécuritaires. Ce principe a d’ailleurs été inscrit dans l’accord de cessation des hostilités de novembre 2024, conclu un mois seulement avant les élections présidentielles.
Dans ce cadre, Aoun devrait évoquer le déploiement de l’armée depuis la frontière sud jusqu’au fleuve Litani, la reprise des positions auparavant occupées par le « Hezbollah », ainsi que la saisie et la destruction de dépôts d’armes. Il devrait également détailler les mesures entreprises pour renforcer l’armée et les forces de sécurité, en équipements comme en effectifs, afin de stabiliser la sécurité sur l’ensemble du territoire libanais — en particulier le long de la frontière syrienne, encore traversée par des armes, des combattants, des trafiquants d’êtres humains et des contrebandiers.
À la lumière de ses déclarations faites deux jours plus tôt, il est presque certain qu’ Aoun rappellera au monde les agressions quotidiennes d’Israël contre le Liban, sa population et sa souveraineté — des actes qui traduisent le mépris d’Israël pour la paix et sa volonté persistante de poursuivre un agenda sécuritaire déstabilisateur.
Sur le plan économique, le président devrait attirer l’attention sur la situation des déplacés du Sud, de la Békaa et d’autres régions, incapables de rentrer chez eux parce que leurs villages et maisons ont été détruits. À partir de ce constat, il devrait exposer les réformes déjà adoptées ainsi que celles en cours d’approbation, afin d’accélérer les mesures permettant le retour de ces familles.
Fort des résultats obtenus jusqu’ici, Aoun devrait également appeler la communauté internationale et les pays amis à faire pression sur Israël pour qu’il se retire des territoires libanais qu’il occupe encore. Il soutiendra que l’occupation persistante, les frappes aériennes et les attaques dans le Sud, la Békaa et ailleurs entravent le plan de l’armée visant à consolider le monopole de l’État sur les armes.
Cependant, la communauté internationale pourrait poser certaines questions. La plus importante : le Liban a-t-il réellement respecté ses engagements au titre de l’accord de cessation des hostilités ? A-t-il démantelé l’infrastructure militaire du « Hezbollah », non seulement au sud du Litani mais sur l’ensemble du territoire ?
En matière économique, le monde pourrait s’interroger sur les mesures adoptées pour endiguer la corruption, rationaliser l’administration publique, réformer le secteur bancaire et restituer les droits des déposants.
Bien entendu, ces interrogations ne trouveront pas réponse dans le discours lui-même. Après son allocution, Aoun devrait rencontrer en bilatéral plusieurs dirigeants de pays amis présents aux réunions de New York. Il est toutefois de notoriété publique que la communauté internationale conditionne son aide au Liban au démantèlement de la structure militaire du « Hezbollah ». Mais une question plus large demeure : Israël fait-il, lui, la distinction entre infrastructures militaires et civils ?
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