La visite du Pape Léon XIV au Liban qui se termine aujourd'hui est une « visite historique ». C’est ce que tout le monde a dit. Mais où réside son caractère historique, alors qu’elle est la quatrième visite papale au Liban après celles du Pape Paul VI (1964), de Saint Jean-Paul II (1997) et de Benoît XVI (2012), sachant que le Pape Jean XXIII nous a visités dans les années cinquante en tant que Cardinal, avant son élection comme Souverain Pontife quelques années plus tard ?
Et les Libanais, fidèles à leur habitude, sont « divisés » dans leur évaluation de cette visite. Certains disent qu’elle est réussie, d’autres qu’elle aurait pu l’être davantage.
Ceux qui critiquent l’accueil et les préparatifs estiment que les hôtes se sont concentrés sur la forme au point que la visite n’a pas atteint le fond de ce dont souffre le Liban. Ils voulaient que les responsables libanais accompagnent le Pape au Sud, pour qu’il soit témoin des crimes commis contre les citoyens du Sud.
Ceux qui critiquent la visite ne dirigent pas leurs critiques vers le Pape, mais vers ce qu’a fait l’État libanais pour préparer son accueil. Soudainement, des fonds étaient disponibles pour asphalter et éclairer les routes, surtout celles que l’éminent visiteur emprunterait. Ils disent qu’il aurait été préférable que le Pape voie les choses au Liban telles qu’elles sont vraiment – qu’il voie comment vivent les Libanais et dans quelles conditions. Le Premier ministre a révélé dans une interview télévisée dimanche soir que le Pape a soulevé avec lui à deux reprises, au Vatican et dimanche soir, les conditions économiques des Libanais et les solutions sur lesquelles le gouvernement travaille.
D’autres, en revanche, considèrent la visite comme réussie à tous égards, avec un timing bien étudié et un contenu préparé avec un grand soin, manifeste dans l’affluence officielle, politique et populaire et la présence complète de tous les invités à chaque étape de la visite.
Lors de la réception au Palais présidentiel, qui a rassemblé les classes officielles et politiques, le Président de la République a mis le doigt sur l’essence des problèmes qui affligent la région. Il a affirmé que les Libanais n’abandonneront pas leur pays, qu’ils ont subi de fortes pressions dans le passé mais ont tenu bon et sont prêts à tenir bon, sachant surtout que l’échec de l’expérience de la coexistence au Liban signifierait son échec partout ailleurs dans le monde.
Le Pape a souligné que le monde entier souffre de problèmes similaires à ceux du Liban. Il a mis l'accent sur ce qu’il a appelé la caractéristique libanaise de se relever des calamités et des épreuves qui les frappent et de poursuivre leur parcours national. Il a également mis en avant une autre caractéristique distinctive des Libanais : leur vie commune, un modèle à suivre pour toutes les sociétés pluralistes dans le monde.
Ceux qui voient la visite comme réussie évoquent la scène unissant les composantes libanaises sur la Place des Martyrs, affirmant dans leurs discours la pérennité des valeurs que le Liban embrasse et la paix qui unit l’humanité sous le toit des valeurs morales. Le point le plus marquant du consensus est sans doute ce que le Pape a dit sur la religion et la guerre : il a rejeté l’idée de guerre au nom de la religion. Aucune religion ne justifie la guerre, et il est inadmissible d’utiliser la religion comme point de départ des guerres. Cet Orient, avec le Liban en son cœur, souffre de guerres au nom des religions, et les religions sont innocentes des guerres – un point souligné par les responsables religieux et les chefs des communautés.
La visite du Pape Léon XIV n’est pas du folklore ni un geste éphémère pour réaliser le vœu du défunt Pape François. Elle est le résultat d’une conviction profonde que l’avenir de l’humanité réside dans la recherche de l’harmonie et de l’accord dans toutes ces sociétés pluralistes, et le laboratoire et modèle le plus marquant et réussi en la matière est le Liban.
Et pour que la visite du Pape ne soit pas simplement un tourisme religieux, nous appelons le Président de la République à transformer les idées et objectifs dont il a parlé dans son discours devant le Souverain Pontife en une feuille de route, incarnant cette scène unificatrice matérialisée par la rencontre sur la Place des Martyrs.
Le Souverain Pontife est venu au Liban pour dire à tous que la paix vient, que vous méritez la paix, mais que vous devez œuvrer pour elle. C’est vous qui devez être les artisans de la paix.
Prière de partager vos commentaires sur:
comment@alsafanews.com
