Alors que la guerre Russie-Ukraine entre dans sa quatrième année, après huit ans d'engagement à faible impact dans l'Est de l'Ukraine, le président Donald Trump a intensifié ses efforts pour forcer une résolution par une stratégie double de coercition économique et de diplomatie de haut niveau. Les menaces récentes de son administration de sanctions secondaires ciblant les acheteurs d'énergie russe, notamment la Chine et l'Inde, ainsi que la possibilité d'un sommet Trump-Poutine, reflètent un mélange volatile d'optimisme et de frustration. Cependant, avec les avancées militaires se poursuivant sur le terrain et des exigences diamétralement opposées de la part de Moscou et de Kyiv, le chemin vers la paix reste semé d'obstacles.

Examinons la stratégie de sanctions de Trump visant à étrangler les lignes de vie de la Russie. Elle comprend :

Escalade de la guerre économique

La dernière mesure de Trump a été d'imposer un tarif de 25% sur les produits indiens, porté à 50% deux jours plus tard, avec des menaces de « tarifs secondaires » à 100% sur les nations commerçant avec la Russie. L'objectif est de paralyser les revenus pétroliers de Moscou, qui financent sa machine de guerre, avec une logique simple : en punissant les acheteurs tiers comme la Chine (62,5 milliards de dollars d’achats de pétrole russe en 2023) et l’Inde (52,7 milliards de dollars), les États-Unis espèrent isoler économiquement la Russie.

Cependant, cette approche comporte des risques de répercussions pour le commerce mondial, risquant d'aliéner des alliés américains comme la Turquie, et de perturber ses propres chaînes d'approvisionnement, car la Chine et l’Inde sont des exportateurs majeurs de biens de consommation et de minéraux critiques.

Elle a également un effet limité, car Pékin a défié les sanctions américaines sur l'Iran et pourrait continuer à acheter du pétrole russe, tandis que l’Inde a qualifié les tarifs d’« injustes » et a juré de prioriser la sécurité énergétique de ses 1,4 milliard d'habitants.

Ciblage de la flotte fantôme

Un effort parallèle cible la « flotte fantôme » de la Russie, composée de pétroliers vieillissants qui échappent au plafond des prix du pétrole fixé à 60 $ par le G7. Sanctionner ces navires pourrait réduire les exportations mensuelles de pétrole russe de 73%, comme démontré lors de précédentes répressions. Pourtant, Moscou s’est déjà adapté aux sanctions, et les proches de Vladimir Poutine minimisent les menaces, affirmant que l’économie russe est désormais « immunisée » contre la pression occidentale.

Alors qu'un sommet Trump-Poutine se profile, la danse diplomatique prend le devant de la scène.

Positions contradictoires

Poutine exige la reconnaissance des territoires annexés (Crimée, Donbass), la neutralité de l'Ukraine, et un allègement des sanctions. Du côté ukrainien, Volodymyr Zelensky a posé des lignes rouges, rejetant les concessions territoriales, affichant des aspirations à l’adhésion à l’OTAN, et exigeant de réelles garanties de sécurité.

Des rapports suggèrent que Trump aurait envisagé des concessions comme bloquer l’adhésion de l’Ukraine à l’OTAN et accepter l'annexion des terres détenues par la Russie, un point inacceptable pour Kyiv.

Potentiel et pièges du sommet

L’aide de Kremlin Yuri Ouchakov a confirmé qu’une rencontre Trump-Poutine pourrait avoir lieu dès la semaine prochaine, éventuellement aux côtés de Zelensky en format trilatéral. Alors que Trump a vanté de « grands progrès » après les pourparlers de son envoyé Steve Witkoff à Moscou, les sceptiques mettent en garde contre le fait que Poutine pourrait être en train de pratiquer le facteur temps, rappelant le sommet de 2018 à Helsinki entre Trump et Poutine, qui s'était soldé par Trump reniant ses propres agences de renseignement.

La Russie a gagné 713 km² en juillet seulement, dominant le Donetsk (78% contrôlé). Poutine pourrait voir peu d’incitation à arrêter ses avancées avant d’avoir sécurisé davantage de territoire, les dynamiques de la guerre poursuivant leur ombre sur la diplomatie.

L'élan russe, les difficultés ukrainiennes

L’offensive d’été russe a permis des gains réguliers, notamment dans le Donetsk, où la supériorité en artillerie et drones écrase les défenses ukrainiennes. Cela renforce la position de Poutine : tout cessez-le-feu maintenant figerait les gains territoriaux, et un gel du conflit aux conditions de Moscou.

De l’autre côté, les appels de l’Ukraine pour des missiles Patriot et des F-16 soulignent sa vulnérabilité aux frappes aériennes russes comme l’attaque du 1er août à Kyiv tuant 31 personnes. Le plan de « recyclage d’armes » de Trump, vendant des armes à des alliés de l'OTAN pour transfert vers l’Ukraine, a livré un certain soutien, mais reste insuffisant face aux besoins défensifs de Kyiv.

Le facteur nucléaire

Le déploiement par Trump de sous-marins nucléaires suite aux menaces de Dmitri Medvedev signale une escalade dangereuse. Poutine pourrait exploiter cela pour présenter les États-Unis comme l’agresseur, compliquant les négociations de paix.

La poussée vers la paix de Trump repose sur deux piliers fragiles : le premier est le coup de poignard économique, par l’imposition de sanctions secondaires espérant infliger assez de dégâts pour forcer la main de Poutine sans déclencher une guerre commerciale mondiale. Le second est la mise en scène diplomatique, le sommet pouvant engendrer des succès symboliques, comme un cessez-le-feu temporaire. La paix durable, en revanche, nécessite des concessions que ni l’Ukraine ni Poutine ne semblent vouloir accepter.

Avec l’avantage militaire grandissant de la Russie, les semaines à venir testeront si la coercition et la diplomatie peuvent arrêter le conflit le plus sanglant en Europe depuis la Seconde Guerre mondiale, ou simplement le prolonger. Comme l’a averti Zelensky, la clé est de s’assurer que Poutine « ne leurre personne par les détails ».

Pour l’instant, le monde regarde pour voir si le talent de négociateur de Trump peut surpasser les impitoyables froids calculs de Poutine.