Alors que la guerre entre la Russie et l’Ukraine entame sa troisième année, le conflit atteint un point d’inflexion critique, marqué par l’évolution de la politique américaine, l’adaptation des stratégies sur le champ de bataille et l’échec des efforts de paix. Le récent ultimatum du président Donald Trump à la Russie — un délai de 50 jours pour la paix, sous peine de lourdes sanctions économiques — ajoute une nouvelle couche de tension géopolitique, aggravant la fracture avec son homologue russe Vladimir Poutine, tout en modifiant la trajectoire du soutien militaire occidental à l’Ukraine.

La guerre des drones

Le conflit s’est intensifié avec l'entrée des drones sur la scène, les deux camps utilisant des engins aériens sans pilote à une échelle inédite. Les forces ukrainiennes reconnaissent que les drones représentent désormais 69% des frappes contre les troupes russes et 75% contre les véhicules, dépassant l’artillerie en efficacité. Parmi les types clés : drones kamikazes (munitions rôdeuses avec ogives RPG), drones de reconnaissance pour le ciblage en temps réel et drones intercepteurs destinés à neutraliser les UAV ennemis.

Cette évolution a poussé la Russie à abandonner les grandes attaques blindées, préférant des petits groupes d’infanterie (5-6 soldats) se déplaçant à moto ou en quad pour éviter la détection. Malgré ces adaptations, la Russie conserve des gains territoriaux, avançant de 1 415 km² au cours des trois derniers mois, surtout à l’est de l’Ukraine.

Défense aérienne

Le besoin urgent de l’Ukraine pour des systèmes de missiles Patriot demeure crucial. L’annonce récente de Trump visant à fournir 17 systèmes Patriot via l’OTAN (aux frais des Européens) marque un tournant stratégique. Ces systèmes sont essentiels pour intercepter les missiles balistiques russes comme l’Iskander-M, qui ont ravagé des villes comme Kharkiv et Odessa. Toutefois, l’absence de défenses à courte et moyenne portée laisse des failles dans la protection ukrainienne.

Campagne aérienne russe intensifiée

Le 16 juillet, la Russie a lancé 400 drones Shahed fournis par l’Iran et un missile balistique en une nuit, ciblant villes, villages et centre urbains. Ces frappes visent à affaiblir le moral et les infrastructures ukrainiennes, consolidant la stratégie d’attrition de Poutine.

Évolutions politiques

Les relations de Trump avec Poutine se sont dégradées depuis début 2025. Au départ, Trump espérait négocier la paix en « 24 heures », mais après six appels téléphoniques sans succès et le refus de Poutine d’assister aux pourparlers à Istanbul, Trump a durci sa position.

Trump a proposé le programme « vendre à l’OTAN » qui permet aux Européens d’acheter des armes américaines, comme les Patriots, pour l’Ukraine, évitant ainsi la possibilité d’un engagement militaire direct des États-Unis.

Trump a par ailleurs lancé un ultimatum de 50 jours à Poutine avec la menace d'imposer 100% de droits de douane sur les produits russes et sanctions secondaires contre la Chine et l’Inde, les deux gros acheteurs du pétrole russe, en l’absence d’accord de paix début septembre.

Trump a de même exprimé sa lassitude publiquement, accusant Poutine de « raconter des mensonges » et exprimé sa frustration après l’échec des accords à plusieurs reprises.

Intransigeance de Poutine

Le Kremlin a qualifié les menaces de Trump de « théâtrales ». Dmitri Medvedev a ridiculisé l’ultimatum sur les réseaux sociaux. Des proches de Poutine considèrent les sanctions comme supportables et les gains territoriaux comme irréversibles, justifiant les exigences de reconnaissance des régions annexées (Crimée, Donetsk, Louhansk, Zaporijia, Kherson) et l’engagement de non-extension de l’OTAN.

Poutine estime aussi que le temps joue en faveur de la Russie, face à la pénurie de combattants ukrainiens et au retard de l’aide occidentale.

Les discussions de paix d’Istanbul en juin 2025 n’ont abouti qu’à des accords mineurs, dont l’échange, le 17 juillet, des restes de 1 000 soldats ukrainiens contre 19 Russes. Le président Ukrainien Volodymyr Zelenski refuse toute concession territoriale, tandis que Poutine exige la capitulation — un fossé que Trump n’a pas réussi à combler.

Rôle croissant de l’Europe

Avec les fluctuations de l’aide américaine, l’Europe dépasse désormais les États-Unis en aide militaire totale (€72 Mds contre €65 Mds). Le chancelier allemand Friedrich Merz et le Premier ministre britannique Keir Starmer ont signé un traité d’« assistance mutuelle », symbolisant une coopération post-Brexit renforcée. De plus, la Commission européenne a proposé un fonds de reconstruction de €100 Mds pour l’Ukraine.

Virage stratégique de l’OTAN

Le secrétaire général de l’OTAN, Mark Rutte, a qualifié le plan d’armement de Trump de « révolutionnaire ». Le général Alexus Grynkewich, commandant suprême allié, prévient que la Russie reste une « menace durable » quel que soit le sort de l’Ukraine. L’Alliance se prépare à des conflits simultanés, sous-entendant une possible crise taïwanaise d’ici 2027.

Prochaines étapes et efforts de paix

À court terme, la Russie devrait intensifier son offensive pour maximiser ses gains avant la date butoir de Trump, visant réseaux énergétiques et villes. L’Ukraine renforcera sa posture défensive grâce aux drones et aux missiles Patriot.

Après l’ultimatum de Trump et l’imposition éventuelle de sanctions, la Russie pourrait riposter par une escalade militaire, tandis que des sanctions secondaires envers la Chine et l’Inde viendraient perturber l’exportation pétrolière russe.

En cas de reprise des négociations, un conflit gelé semble plus probable qu’un véritable accord de paix, Poutine pouvant exiger des zones tampons en Ukraine.

La grande inconnue reste la volatilité de Trump : il pourrait basculer rapidement si Poutine offre des concessions de façade, comme proposer ou accepter un cessez-le-feu, ou bien approuver des attaques ukrainiennes plus profondes en Russie s’il se sent trahi.

L’avenir du conflit dépend de trois variables : l’attrition sur le terrain, la fermeté de Trump et la logique coût/bénéfice de Poutine.