La décision du gouverneur de la Banque centrale du Liban, Karim Souaid, est claire et sans ambiguïté : à partir du 1er juillet, les déposants dont les fonds sont bloqués dans les banques pourront retirer jusqu’à 800 dollars par mois selon la circulaire n° 158 de la Banque centrale, et jusqu’à 400 dollars selon la circulaire n° 161. Il est même possible qu’un nouvel ajustement à la hausse des plafonds de retrait intervienne d’ici la fin de l’année, voire plus tôt.
Par cette décision, le gouverneur a envoyé un signal fort de sa volonté d’aider les déposants à récupérer leur argent, même de manière échelonnée, tout en contraignant les banques à appliquer des mesures qu’elles resistaient depuis longtemps.
La décision de Souaid — prise seul en raison de l’expiration du mandat de ses quatre adjoints — démontre une volonté d’agir sans attendre le rétablissement complet de la structure administrative. La loi, après tout, lui accorde ce pouvoir en l’absence du conseil central.
Ce type d’initiative pourrait servir de modèle pour d’autres ministères confrontés à des dossiers urgents, sans attendre la « résolution du conflit au Moyen-Orient », la « libération complète » ou le dénouement des initiatives diplomatiques régionales et internationales.
Rien n’empêche le président ou le Premier ministre de demander aux ministres de préparer des plans concrets pour mettre en œuvre les projets qui nécessitent une action, et d’organiser des réunions régulières — individuelles ou en groupe — pour évaluer ce qui a été accompli et l’avancée de l’exécution.
Si, par exemple, les ministères de la Défense ou de l’Intérieur doivent recruter des soldats ou des agents de sécurité supplémentaires avant de pouvoir mener de nouvelles missions, d’autres ministères sont tout à fait en mesure de faire avancer de nombreux projets. Ils pourraient même mobiliser le surplus d’employés entassés dans diverses administrations publiques — beaucoup n’ayant aucun véritable travail et certains ne connaissant même pas le chemin des ministères où ils ont été affectés.
Qu’est-ce qui empêche, par exemple, le ministère de l’Information ou celui de l’Éducation de réaffecter une partie de ce personnel excédentaire à des ministères en sous-effectif ?
Qu’est-ce qui empêche le ministère des Finances de commencer à verser aux municipalités les recettes fiscales qui leur sont dues, afin qu’elles puissent assurer leur mission de développement local ?
Qu’est-ce qui empêche le conseil des ministres d’adopter les décrets d’application nécessaires pour rendre effectives les nombreuses lois déjà votées par le parlement mais restées sans effet faute de tels décrets ?
Pourquoi le parlement ne joue-t-il pas pleinement son rôle de contrôle en poussant les ministères à intensifier leur action ? Et pourquoi ne pas adopter des lois qui faciliteraient le fonctionnement des ministères ?
Ce sont des mesures simples qui ne nécessitent ni attente interminable ni initiatives extérieures. Leur utilité réside dans le fait de simplifier la vie des citoyens et de leur montrer que le président qu’ils espéraient porteur de changement, et le gouvernement qu’ils pensaient différent de ses prédécesseurs, sont bel et bien engagés dans un travail concret sur le terrain pour atténuer autant que possible la souffrance humaine.