Ce n’est un secret pour personne : le Liban est pris dans une impasse.

Quand les piliers de l’État en viennent à supplier une faction armée de rester calme et de ne pas s’impliquer dans le conflit en cours entre Israël et l’Iran, nous savons que nous sommes en grande difficulté.

Lorsque la nation entière pousse un soupir de soulagement simplement parce que cette faction promet de ne pas intervenir dans un échange de missiles enflammé, il est clair que nous restons prisonniers du même dilemme.

L’impasse se resserre lorsqu’une grande partie des Libanais croit encore que cette faction peut influencer à la fois la dynamique intérieure et régionale.

Lorsque le gouvernement annonce son intention de collecter les armes dans les camps palestiniens, fixe une échéance puis se tait et la manque—non pas à cause de problèmes logistiques, mais en raison de différends internes palestiniens ou de troubles régionaux—la paralysie est indéniable.

L’impasse s’aggrave encore lorsque les mécanismes de nomination à des postes de haut niveau sont bloqués par le bon vouloir de politiciens, de chefs de parti ou de figures religieuses désireux de placer leurs propres fidèles. Lorsqu’un pouvoir d’État revendique la tutelle sur les autres, défiant le principe constitutionnel de séparation et de coopération des pouvoirs, le système s’enlise.

Les procédures judiciaires sont bloquées à cause de désaccords sur des nominations clés dans la lutte contre la corruption et les malversations financières. Les responsables de l’État s’accrochent à leurs parts de pouvoir, effaçant la notion même d’intérêt public—et avec elle, l’idée d’un État au service de ses citoyens.

Lorsque la classe dirigeante, avec tous ses symboles et agences, n’arrive pas à s’accorder sur une vision commune de la réforme administrative et financière, et que les disputes sur la restitution des fonds des déposants se prolongent, l’impasse devient étouffante.

L’aspect le plus flagrant de cette crise est que la volonté de la surmonter est plus faible que la toile d’intérêts qui piège l’État, détourne ses institutions et bloque les efforts pour servir le bien commun.

Pourquoi personne ne reconnaît-il que préserver le statu quo ne fait qu’approfondir la corruption—une corruption que tous dénoncent, mais que beaucoup espèrent exploiter une dernière fois avant qu’un vrai changement n’advienne ? Qui ne voit pas que prolonger cette situation ne fait que compliquer les solutions futures et ternir la réputation des responsables, les rendant complices, impuissants ou intéressés ?

Nos problèmes sont nombreux et complexes, mais les solutions—bien connues—restent hors de portée. Le temps passe, et avec lui, des occasions précieuses.

Le plus grand danger réside dans notre persistance à utiliser des critères dépassés pour mesurer une nouvelle ère qui est déjà là. Une certaine souplesse peut être justifiée sur certains points, mais pas sur les questions fondamentales. Transiger sur les problèmes de fond empêche l’État de se reconstruire sur des bases solides, équitables et justes.