Depuis octobre 2022, et l’arrivée au pouvoir du président Ibrahim Traoré, un vent de révolte souffle au Burkina Faso, et commence à balayer d’autres pays africains, notamment le Mali et le Niger ; révolte surtout contre le colonialisme Français mais aussi contre d’autres influences occidentales qui maintiennent l’Afrique en état de soumission et de sous-développement.
Le narratif Traorien utilise souvent un langage invoquant des idéaux anticoloniaux et panafricains. Il critique ce qu’il qualifie d’exploitation impérialiste, et ses appels à l’autonomie africaine trouvent un écho auprès de nombreuses populations sur le continent. Il présente ses actions (y compris la suspension des élections) comme nécessaires à la lutte contre le terrorisme et à la stabilisation du pays, un argument similaire à celui d’autres régimes militaires au Sahel.
Pour décrire avec plus de précision le mouvement de Traoré. On pourrait dire qu’Il s'agit davantage d'un changement géopolitique et idéologique contre les formes modernes de contrôle (économique, militaire et politique). Sa politique s'inscrit dans la lignée de mouvements populistes souverainistes plus larges en Afrique, notamment dans les pays francophones. Elle s'inspire d'anciens dirigeants anticoloniaux comme Thomas Sankara (également originaire du Burkina Faso), mais elles se déroulent dans un contexte mondial très différent.
Né le 14 mars 1988 à Kéra, au Burkina Faso, Traoré poursuit des études de géologie à l'Université de Ouagadougou. Durant ses études, il milite au sein d'organisations étudiantes, notamment l'Association nationale marxiste des étudiants du Burkina Faso (ANEB), où il se fait connaître pour son engagement en faveur de ses camarades. Diplômé avec mention, il s’engage dans l'armée en 2009, occupant diverses fonctions, notamment celle de chef d'artillerie au régiment de Kaya.
Son parcours politique débute avec son implication dans le coup d'État de janvier 2022 qui renverse le président Roch Marc Christian Kaboré. En septembre 2022, il mène un autre coup d'État qui renverse le président par intérim Paul-Henri Sandaogo Damiba. À 34 ans, Traoré devient le plus jeune chef d'État d'Afrique en accédant à la présidence le 6 octobre 2022.
Un visionnaire actif
En moins de 3 ans, Traoré a changé la vie de millions de burkinabè. Depuis son arrivée au pouvoir, il a mis en œuvre d'importantes réformes visant à affirmer la souveraineté nationale et l'indépendance économique. Il a nationalisé des industries clés, dont l'exploitation aurifère, et créé une raffinerie nationale d'or capable de traiter 150 tonnes par an. De plus, il a rejeté l'aide financière du FMI et de la Banque mondiale, prônant l'autonomie et critiquant les institutions financières occidentales pour leur rôle présumé dans les difficultés économiques de l'Afrique.
Dans le secteur agricole, son administration a distribué plus de 400 tracteurs et autres équipements agricoles pour soutenir les agriculteurs ruraux, ce qui a permis d'accroître la production de cultures de base comme le mil, le riz et les tomates. Son gouvernement a également investi dans des projets d'infrastructures, notamment la construction d'un nouvel aéroport à Ouagadougou et la modernisation des établissements médicaux.
En matière de politique étrangère, Traoré a renversé la vapeur traditionnelle. Il a éloigné la politique étrangère du Burkina Faso, des alliances occidentales traditionnelles, notamment en expulsant les troupes françaises et en rompant les accords de l'époque coloniale. Il a resserré ses liens avec la Russie, l'Iran et la Turquie, et a joué un rôle essentiel dans la création de l'Alliance des États du Sahel (AES) aux côtés du Mali et du Niger.
Les défis du futur
Malgré sa popularité, le gouvernement Traoré est confronté à des défis majeurs. La situation sécuritaire demeure préoccupante, de vastes zones du pays étant sous le contrôle de groupes insurgés. Bien qu'il ait bénéficié d'un soutien pour sa position contre le néocolonialisme et ses efforts visant à affirmer la souveraineté du Burkina Faso, l'impact à long terme de ses politiques sur la stabilité du pays et les institutions démocratiques mérite d’être suivi, surtout avec le support qu’il accumule déjà de plusieurs pays d’Afrique Sahelienne.