Alors que deux délégations russe et ukrainienne se réunissent en Turquie pour entamer des négociations « directes » de paix, les premières depuis plus de trois ans, les joutes verbales ne tarissent ni d’un côté ni de l’autre. Le Président Poutine et le Président Zelenski ne participent pas aux réunions. Kiev accuse la Russie de manque de sérieux, et Moscou répond avoir affaire à un clown pathétique.

Le plus important reste tout de même l’ordre du jour des négociations.

Les territoires conquis

La Russie a assuré à plusieurs reprises qu’elle conservera les zones qu’elle occupe dans le sud et l’est de l’Ukraine et exige que Kiev cède davantage de territoire, et renonce à quatre régions annexées : Donetsk, Louhansk, Kherson et Zaporijia. Ces zones s’ajoutent à la péninsule de Crimée, dont Moscou a annoncé l’annexion en 2014.

Poutine avait déjà exigé que l’Ukraine retire ses forces des zones encore sous son contrôle militaire, comme condition préalable à tout règlement pacifique.

Le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, a souligné de son côté que la reconnaissance de l’annexion de Moscou de ces territoires était « essentielle » pour toute négociation.

Mais Zelenski affirme que Kiev tentera de récupérer ces territoires par des moyens diplomatiques, reconnaissant ainsi que Moscou pourrait conserver le contrôle de certains d'entre eux dans tout accord de paix potentiel entre les deux parties. La Russie occupe près de 20% de la superficie de l’Ukraine.

L’OTAN bête noire de la Russie, bouée de sauvetage de l’Ukraine

La Russie insiste donc sur le rejet de toute acceptation d’adhésion de l’Ukraine à l’OTAN et demande la destitution de Zelenski de ses fonctions.

En mars, le président russe a évoqué l'idée de placer l'Ukraine sous une « administration intérimaire » soutenue par l'ONU, renouvelant son appel à la destitution de Zelenski.

La Russie a également cherché à plusieurs reprises à réduire les effectifs de l’armée ukrainienne et proclamer ce pays État neutre avec la suspension des livraisons d’armes des pays européens à Kiev. Moscou a déjà affirmé son rejet du déploiement des forces de l’OTAN en Ukraine sous quelque forme que ce soit.

Or Zelenski réclame des « garanties de sécurité » pour l’Ukraine dans le cadre de tout accord de paix potentiel, empêchant une future attaque russe. Sa principale demande est que l’Ukraine rejoigne l’OTAN ou qu’elle soit soumise à l’article 5 du traité de défense collective de l’alliance. Mais le président américain Donald Trump a exclu l'adhésion de l'Ukraine à l'alliance.

La Grande-Bretagne et la France mènent des discussions sur le déploiement éventuel de forces européennes pour garantir le respect d'un éventuel cessez-le-feu.

Le Cessez-le-feu

Zelenski veut un cessez-le-feu immédiat et inconditionnel sur terre, en mer et dans les airs. Il a accepté une proposition américaine à cet égard en mars, mais celle-ci n’a pas reçu le soutien du président russe. En réponse, Poutine avait ordonné deux courtes trêves, l'une pendant Pâques et l'autre en marge de la célébration de la victoire russe sur le nazisme le 9 mai. Les frappes aériennes ont diminué pendant les deux périodes, mais l'Ukraine a accusé Moscou de les avoir violées des centaines de fois.

Dans un discours prononcé à la fin du week-end dernier, dans lequel il a appelé à des négociations directes, Poutine « n’excluait pas » une forme de cessez-le-feu entre les deux parties.

Négociations vers une impasse

Côté Américain, le secrétaire d'Etat Marco Rubio a indiqué qu'il ne s'attendait pas à des avancées dans les négociations d'Istanbul. Le président Trump, qui pousse depuis des mois les deux pays à négocier, a évoqué quant à lui la « possibilité » de se rendre en Turquie vendredi si des progrès sont réalisés dans les négociations ajoutant qu’il ne pensait pas « que quoi que ce soit se passera, que cela vous plaise ou non, jusqu'à ce que lui et moi nous rencontrions », c'est-à-dire Poutine.