La Présidence de la République aurait dû rappeler à tous les médias la nécessité d'éviter d'insulter les dirigeants des pays amis. Elle aurait dû le faire depuis longtemps. Il s'agit d'une disposition fondamentale du décret législatif 104/77 et de ses amendements. Les sanctions prévues sont parmi les plus sévères prévues par cette loi.
L'article 23 de ce décret législatif stipule : « Si une publication traite le chef de l'État d'une manière considérée comme une atteinte à sa dignité, ou publie un contenu qui comporte diffamation, calomnie ou mépris à son encontre ou à l'encontre du chef d'un État étranger, une action en justice pour atteinte aux droits de l'homme sera automatiquement entée sans qu'une plainte de la partie lésée ne soit nécessaire. » L'article 25 stipule : « Si une publication publie un quelconque contenu qui dénigre l'une des religions reconnues du pays, qui incite aux conflits sectaires ou confessionnels, qui trouble l'ordre public ou qui compromet la sécurité, la souveraineté, l'unité, les frontières ou les relations extérieures du Liban, le procureur général a le droit de confisquer la publication et de la déférer à la justice compétente. »
Le blâme adressé aux institutions officielles de l'État, est qu'elles n'ont appliqué cette loi que de manière sélective, conformément aux compromis politiques et aux caprices des responsables des poursuites judiciaires et des tribunaux, au lieu de se référer au cadre juridique existant.
Depuis des décennies, les violations du contenu de ces deux articles et d'autres sont graves et récurrentes, et les mesures à leur encontre relèvent de l'opinion publique.
La présidence de la République aurait dû publier ce rappel sans hésitation, et non le retarder, car au fil du temps, ces violations nuisent aux intérêts du Liban et retardent le retour à la normale avec un grand nombre de pays amis. Il convient ici de s'interroger sur ce qui a interdit la publication d’un tel rappel lors des précédents mandats présidentiels, depuis la fin du mandat du président Amin Gemayel. La réponse est claire : les présidents de la République ou chefs de gouvernement qui détenaient collectivement les pouvoirs du président étaient sous la pression du fait accompli et sous la tyrannie des équilibres politiques et militaires externes qui encourageaient les contrevenants à persister dans leurs violations. De plus, certains dirigeants de ces régimes précédents n'hésitaient pas à commettre eux-mêmes de telles violations, en fonction de leurs connexions politiques et du pouvoir de ceux qui les protégeaient.
Nous exigeons la rigueur face à la diffusion facile de mensonges, d'insultes, de menaces et de critiques, qui constituent une atteinte non seulement aux personnes visées, mais aussi à leurs auteurs et à leurs médias.
Nous exigeons la rigueur face à ceux qui forcent les gens à choisir entre deux options absolues, et tant pis pour ceux qui rejettent ce qui ne leur plaît pas.
Il est temps de revenir à la raison, à la logique, à l'argumentation, au jugement éclairé et à la critique constructive et scientifique. Un mot est plus impactant et douloureux, surtout lorsqu’il contient une calomnie et lorsque celui qui le prononce sait qu’il contribue à la destruction d’un pays, et non à sa construction.