Depuis l’effondrement financier qui a frappé le Liban en 2019, l’économie du pays est plongée dans une sévère contraction monétaire, marquée par l’effondrement de la confiance envers le secteur bancaire et la forte dépréciation de la livre libanaise. Dans ce contexte, de nombreux Libanais — en particulier les jeunes — se tournent vers des alternatives pour réaliser des profits rapides. De plus en plus, ils se dirigent vers le trading en ligne de crypto-monnaies, d’actions et d’autres produits financiers, sur un marché gris dépourvu de tout encadrement légal et de toute surveillance réglementaire.
Dans ce cadre, des sources sécuritaires ont révélé à Al-Safa News une nouvelle affaire d’escroquerie visant des étudiants universitaires et de jeunes professionnels. Quatre hommes dans la vingtaine auraient incité des victimes à investir dans une fausse société baptisée « Evolex Trading », qui se présentait sur les réseaux sociaux comme une plateforme mondiale de trading.
Une illusion de richesse soigneusement mise en scène
Les premières investigations révèlent que l’entreprise ne détenait aucune licence officielle et opérait en dehors de tout cadre légal ou financier — en dépit d’une promotion massive sur les réseaux sociaux. Ses fondateurs se mettaient en scène dans un train de vie luxueux, conduisant des voitures haut de gamme et résidant dans des demeures somptueuses, dans le but d’attirer des victimes et de gagner leur confiance. Or, les enquêtes ont démontré que ces apparences étaient totalement fictives : les voitures et les propriétés présentées dans leurs contenus étaient louées temporairement à des fins de marketing trompeur.
Selon les informations sécuritaires, les quatre suspects ont lancé leurs opérations frauduleuses début 2025, exploitant leurs réseaux universitaires — allant même jusqu’à recruter des mineurs — en prétendant pouvoir générer des gains mensuels élevés en échange de dépôts en dollars. Mais aucun profit n’a jamais été versé. Non seulement les accusés n’ont pas livré de bénéfices, mais ils ont aussi refusé de restituer les investissements initiaux, se retranchant derrière des excuses techniques et des promesses fallacieuses.
Les victimes réagissent alors que les « escrocs » ont disparu
Lorsque l’arnaque a commencé à être révélée, les auteurs ont fermé les pages utilisées pour leurs manœuvres et se sont éclipsés. Les sources sécuritaires estiment qu’ils se trouvent toujours sur le territoire libanais. Ironie du sort, certains se vantent, sur des comptes alternatifs, d’avoir appris « l’art de l’escroquerie » auprès d’un prétendu « expert en bourse » sur Instagram, affirmant bénéficier de la protection de figures politiques influentes.
La plupart des victimes — essentiellement des étudiants universitaires et de jeunes salariés à faible revenu — s’apprêtent à déposer des plaintes officielles auprès du Parquet financier, dans l’espoir qu’une enquête transparente permette l’arrestation des auteurs et la récupération des fonds détournés.
Une économie de cash, terreau fertile pour les escroqueries
Interrogé par Al-Safa News, l’expert économique et financier Wassim Nader a déclaré :
« La transition vers une économie de cash au Liban, conséquence de la perte de confiance dans les banques, a créé un environnement fragile et facilement exploitable — surtout en l’absence de contrôle officiel sur les activités financières numériques. »
Il a ajouté :
« L’absence d’un cadre légal clair régulant le trading en ligne au Liban a ouvert la voie aux fraudeurs pour vendre des illusions de gains rapides à des populations en détresse économique, ce qui en fait des proies faciles. »
Nader a averti que ces pratiques continueront de se multiplier tant qu’aucune loi claire ne sera adoptée pour encadrer les plateformes de trading et interdire aux opérateurs non autorisés de promouvoir leurs activités sur le territoire libanais. Il a insisté sur la nécessité de renforcer la surveillance numérique et de sensibiliser la jeunesse aux risques liés à ce type d’investissement.
En définitive, le scandale « Evolex Trading » n’est ni le premier, ni probablement le dernier, tant que les réseaux d’escroquerie financière resteront hors d’atteinte de la justice — et tant que la jeunesse libanaise restera piégée entre l’effondrement du système financier officiel et la fausse promesse de richesse rapide vendue à travers les écrans.