À l’approche des Jeux Olympiques d’hiver 2030 dans les Alpes, la Cour des comptes publie un rapport d’étape sur le coût public des Jeux Olympiques de Paris 2024, soulevant une interrogation centrale : la France peut-elle encore se permettre de financer de grands événements internationaux ?

Un budget officiel maîtrisé, mais un coût réel bien supérieur

Si le Comité d’organisation (COJOP) affiche un excédent de 76 millions d’euros sur un budget de 4,4 milliards, ce résultat masque une réalité plus nuancée. L’État a contribué à hauteur de 286 millions d’euros, sans quoi un déficit aurait été enregistré. Au total, ce sont 6 milliards d’euros de fonds publics qui ont été mobilisés :

2,77 milliards pour l’organisation elle-même ;

3,19 milliards pour les infrastructures.

Les quatre grands postes de dépenses identifiés par la Cour des comptes

Sécurité (1,44 milliard d’euros) :

La sécurisation exceptionnelle de l’événement a nécessité jusqu’à 35 000 policiers et gendarmes par jour, 8 000 militaires, ainsi que des renforts étrangers. Les primes versées aux agents et les coûts de mobilisation pèsent lourd dans le budget. Selon Pierre Moscovici, il s'agit d'un coût inévitable, non d'un dérapage.

Transports (570 millions d’euros) :

Le renforcement du réseau RATP et SNCF, incluant trains supplémentaires, signalétique multilingue et voies cyclables, vise à absorber jusqu’à 10 millions de trajets quotidiens. Ces dépenses sont partagées entre opérateurs, État et Ville de Paris.

Infrastructures sportives et urbaines (plus de 2 milliards d’euros) :

La construction d’équipements comme le village des athlètes à Saint-Denis (840 millions) et de sites sportifs (1,24 milliard) suit une logique d’héritage : ces aménagements doivent bénéficier à la population après les Jeux. Cependant, leur durabilité reste à évaluer, car la reconversion des installations ne sera effective qu’à partir de fin 2025.

Assainissement de la Seine (1,4 milliard d’euros) :

Le plan baignade, censé permettre les épreuves en eau libre dans la Seine, constitue un investissement emblématique. Toutefois, seule une partie (200 millions à 1 milliard) est directement liée aux JO, et l’efficacité à long terme de ce projet reste incertaine.

Des dépenses contenues… mais à quel prix ?

En comparaison internationale, Paris 2024 a été plutôt sobre, évitant les dérapages de précédentes éditions. La Cour des comptes reconnaît une certaine maîtrise budgétaire, mais souligne que même avec une gestion rigoureuse, organiser un tel événement reste extrêmement coûteux.

Faut-il encore accueillir de tels événements ?

Alors que les JO d’hiver 2030 approchent, le débat est relancé : la France doit-elle continuer à se porter candidate à des manifestations d’ampleur mondiale, dans un contexte de tensions budgétaires ?

Pierre Moscovici ne s’oppose pas à ces projets, mais appelle à une évaluation réaliste des coûts, au-delà des promesses politiques. Le succès final dépendra de nombreux facteurs :

Utilisation durable des infrastructures ;

Reconversion réussie des villages olympiques ;

Maintien de la baignabilité de la Seine ;

Pérennité des investissements en transport.

Mais, comme le souligne ironiquement le rapport : « Avec des « si », on mettrait Paris en bouteille. »