Alors que les tensions s’aggravent entre l’Iran et Israël, et que les États-Unis sont entrés en jeu en bombardant des installations nucléaires iraniennes, le Moyen-Orient a plongé dans une phase inédite d’angoisse collective face à la menace d’une contamination radioactive. Les frappes récentes qui ont visé des sites d’enrichissement en Iran, dans le cadre de ce qui a été baptisé Opération Midnight Hammer, ont ravivé les cauchemars de fuites radioactives semblables à celles de Tchernobyl ou de Fukushima, bien que les conditions techniques et environnementales soient différentes. Cette tension nucléaire représente désormais une menace pour l’environnement et la santé publique dans tous les pays voisins, et pousse à poser une question cruciale : comment nous protéger en cas de véritable fuite radioactive ?
Dans ce contexte, le journaliste et spécialiste de l’environnement, Mustafa Raad, a déclaré à Al-Safa News que le danger d’une contamination radioactive ne se limite pas au site de l’explosion ou de la frappe. Il se propage à travers le vent, l’eau et le sol, exposant ainsi les zones frontalières de pays comme l’Irak, la Jordanie, les États du Golfe et le Liban à un risque de pollution radioactive, même léger. Il ajoute que le plus grand danger pour les citoyens réside dans l’absence de sensibilisation préalable. « Le problème ne vient pas seulement de la catastrophe en elle-même, mais de l’ignorance des moyens de s’en protéger », souligne Raad, insistant sur le fait que la connaissance et l’information constituent la première ligne de défense face à ce type de catastrophes.
Les signes de cette inquiétude se sont déjà manifestés dans les réactions officielles des pays voisins. La Jordanie a annoncé avoir relevé le niveau d’alerte dans son réseau de stations de surveillance radiologique le long de ses frontières, tout en précisant qu’aucune fuite n’a été détectée jusqu’à présent. Le ministère jordanien de l’Environnement a confirmé surveiller la situation de près en coopération avec l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) et disposer d’un plan d’urgence prêt à être activé en cas d’incident radiologique. L’Arabie saoudite et les États du Golfe ont adopté une position similaire. L’Autorité saoudienne de régulation nucléaire et radiologique a publié un communiqué assurant que ses dispositifs de surveillance n’avaient enregistré aucun signe de contamination radioactive et qu’aucune menace directe ne pesait actuellement sur le Royaume.
Mais l’absence de menace immédiate ne doit pas conduire à sous-estimer le danger. Les experts mettent en garde : l’une des plus grandes erreurs serait de se fier uniquement aux données officielles sans prendre de précautions individuelles. D’où la nécessité de suivre une série de mesures préventives qui peuvent limiter l’exposition en cas de fuite. Parmi ces mesures : rester à l’intérieur de bâtiments aux murs épais dès qu’une alerte est donnée, bien sceller portes et fenêtres, éteindre les systèmes de ventilation susceptibles de faire entrer de l’air extérieur, et éviter de consommer de l’eau exposée ou potentiellement contaminée. Il est également conseillé de préparer une « trousse d’urgence radiologique » comprenant des comprimés d’iode (pour protéger la glande thyroïde contre l’absorption d’iode radioactif), des masques filtrants, de l’eau en bouteille et des sources d’énergie de secours.
Par ailleurs, les médias scientifiques et de sensibilisation jouent un rôle essentiel dans l’information du public sur les risques nucléaires. Mustafa Raad insiste sur l’importance que les ministères de l’Environnement et de la Santé collaborent avec les médias spécialisés pour fournir des bulletins quotidiens expliquant les niveaux de radiation, les méthodes de protection et les détails des plans d’évacuation le cas échéant. « Le combat contre les radiations ne se joue pas uniquement dans les centrales, il se mène aussi dans les esprits », affirme-t-il.
Alors que la guerre israélo-iranienne se poursuit, l’inquiétude ne se limite pas au moment des frappes : elle s’étend aux conséquences environnementales sur le long terme. Même en l’absence de fuite radioactive majeure, la seule menace suffit à générer un impact psychologique néfaste, alimentant la peur, les déplacements, des achats paniques et des perturbations dans les chaînes d’approvisionnement alimentaire.
C’est pourquoi la prévention n’est pas un choix, mais une nécessité. Les gouvernements et les communautés doivent considérer la menace radiologique comme une réalité et s’y préparer dès à présent. De la même manière que la guerre se mène avec des missiles, la protection des vies se gagne par la connaissance, la sensibilisation et la discipline.
En définitive, alors que la région reste en alerte face à un possible regain d’escalade, la protection contre les radiations nucléaires demeure une responsabilité partagée, qui commence avec l’État et s’étend à chaque individu. À mesure que le risque d’escalade nucléaire grandit, la question n’est plus de savoir si une fuite se produira, mais si nous sommes prêts lorsqu’elle surviendra.